La Tribune – 12 janvier 2017 – MÉLANIE NOËL
SHERBROOKE – Les mauvais payeurs ont été nombreux dans la région de l’Estrie en 2016. Le nombre de saisies de propriétés résidentielles s’élève à 122 soit le plus grand nombre de saisies enregistrées au cours des cinq dernières années, selon des données fournies par le portail Nominis.
Effectivement, entre janvier et décembre 2016, 122 propriétaires de la région – Sherbrooke, Coaticook, Compton, Richmond, Stanstead – ont dû délaisser leur résidence par voie d’un jugement de délaissement ou d’un délaissement volontaire. Il s’agit d’une hausse de 31 pour cent si on compare aux données de l’année précédente (93 délaissements) et on doit remonter aux années 2009 à 2011 pour observer un nombre plus important de délaissements, soit 140, 151 et 141 respectivement. Aussi, les données pour les 12 derniers mois représentent une hausse de 20% par rapport à la moyenne des cinq dernières années (101).
Pour la circonscription foncière de Sherbrooke uniquement, 57 délaissements de propriété ont été enregistrés, comparativement à 44 en 2015. Les données pour les 12 dernières mois représentent une hausse de 54 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années (37).
Ces données s’expliquent principalement par le haut taux d’endettement des ménages. « Par les années passées, les banques, très compétitives, ont octroyé des prêts vraiment à la limite des capacités des ménages, alors dès qu’il y a une séparation ou une perte d’emploi, il peut être difficile pour les propriétaires de payer leur hypothèque. L’augmentation des délaissements est probablement causée par ce phénomène et devrait être corrigée dans les prochaines années par le resserrement des règles hypothécaires imposé par le gouvernement fédéral en octobre », note le président de la Chambre immobilière de l’Estrie, David Bourgon.
Effectivement, le total des emprunts des Québécois a davantage progressé que leurs revenus après impôts de sorte que le taux d’endettement a grimpé depuis quinze ans. Au Québec, le taux d’endettement est de 155,0 % selon une publication de Desjardins datant de juin 2016.
«Le délai de jours nécessaires à la vente d’une maison a aussi augmenté, mais pas assez pour expliquer la hausse des délaissements. En estrie, ce délai a augmenté de 4 jours entre 2015 et 2016 pour atteindre 145 jours. Et à Sherbrooke, le délai a augmenté de 3 jours pour atteindre 112 jours », souligne M. Bourgon, ajoutant que le nombre de ventes résidentielles a augmenté de 8 pour cent en 2016 en Estrie, passant de 2138 à 2317.
«On prévoit que le nombre de maisons vendues en 2017 augmentera encore, même si le marché demeure favorable aux acheteurs selon les prévisions du marché », conclut le président de la Chambre immobilière de l’Estrie.
Le nombre de saisies de propriétés résidentielles pour l’ensemble du Québec a aussi augmenté, alors que 2753 saisies ont été enregistrées en 2016 comparativement à 2370 en 2015, ce qui représente une hausse de 16 pour cent.